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Tierra de nadie

Performance / Galleria Continua - París / 87 Rue du Temple / Paris, Ile-de-France, Francia
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Cuándo:
El 19 feb de 2022 / 17:00

Comisariada por:
Laura Salas Redondo

Organizada por:
Galleria Continua

Artistas participantes:
Carlos Martiel Delgado Sainz
Etiquetas
Arte en vivo  Arte en vivo en Ile-de-France  Performance  Performance en Ile-de-France 

       


Descripción de la Exposición

« La seule option que j’avais était d’utiliser mon corps comme moyen et véhicule pour mettre en lumière des problèmes qui n’appartiennent qu’à moi » ». Carlos Martiel (Jérôme Sans and Laura Salas Redondo, Cuba Talks, Rizzoli, 2019, p. 233) Pour Carlos Martiel, le contexte de ses oeuvres est primordial, et c’est ainsi qu’a été pensée sa performance « Tierra de nadie » (“No man’s land”) à la Galleria Continua à Paris. Plus précisément, cette performance s’interroge sur l’impact des souffrances qu’ont subi les populations africaines et leurs diasporas. Elles ont été réduites en esclavage contre leur gré et assujetties par une violence systématique, et leurs terres ont été occupées et pillées par des puissances mondiales. Ce sont les mêmes puissances qui, aujourd’hui, continuent de profiter économiquement de la misère, de la division territoriale et des politiques voraces créées dans la colonie. L’oeuvre de Carlos Martiel s’articule autour de sa propre histoire, de ses entrailles, de sa peau et de son identité la plus intime. Son travail est cohérent et solide, comme le sont chacun de ses muscles qui deviennent les complices de ses présentations. En partant de sa propre race et de son homosexualité, il présente avec une singulière pudeur l’altérité que cherchent à revendiquer les corps opprimés des minorités. Le langage queer est renforcé et amplifié, et met en lumière, sous différents angles, son travail polysémique, plein de subtilités et qui porte une forte charge politique et universelle. Son pays natal apparaît et disparaît, et les grands questionnements qui traversent le monde le rendent encore plus riche et plus percutant. Intensifier la perception de ces questions à travers son travail est l’un de ses combats. Les rituels qu’il a mis en place résonnent en solidarité avec les défavorisés. Son travail dénonce les inégalités et déconstruit le monde des « gagnants ». L’utilisation du sang, le sien et celui des autres, est une des multiples singularités de son travail. Me souvenir maintenant de la première fois où je me suis confrontée à une performance de Carlos Martiel, lors de la 10e Biennale de La Havane en 2009, prend une signification toute particulière. Cela me ramène aux émotions que chacun de ses gestes provoquait alors en moi. Dans un espace où je m’attendais, encore avec la naïveté d’une étudiante en première année d’histoire de l’art, à des oeuvres “confortables”, belles et conformes à mes présupposés familiaux et raciaux, ma surprise fut grande lorsque je ne les trouvai pas. Pourquoi ce grand jeune homme se tenait-il devant nous, nu, déchirant sa peau parfaite avec un rasoir? Pourquoi là? Pourquoi l’auto-flagellation? Carlos Martiel a ouvert ma boîte de Pandore, il a soulevé des milliers de questions. Aujourd’hui, Carlos Martiel est un artiste universel, un homme fort qui se déplace librement dans le monde. Une période intense l’a amené à vivre dans des conditions extrêmes dans différentes villes d’Amérique du Sud. Désormais, il vit à New York mais continue de circuler activement à travers le monde. Une grande partie de ses oeuvres analysent les problèmes de la transhumance moderne, les problèmes de l’immigration volontaire et involontaire, la critique de la dure xénophobie des grands récits prédominants qu’il a lui-même souvent subis. La ritualisation de la douleur lui a donné un nouveau corps, l’a réconcilié avec sa voix la plus intime et avec l’exercice de la sincérité corporelle (Jérôme Sans and Laura Salas Redondo, Cuba Talks, Rizzoli, 2019, p. 233). Un autre thème important de son oeuvre est la tentative de briser les schémas patriarcaux, à travers une sorte de catharsis contemporaine, où malheureusement la censure l’a souvent accompagné. Les réflexions de l’artiste qui se portent sur un large éventail de problèmes sociaux et sur la condition humaine elle-même confèrent à l’oeuvre de Carlos Martiel une forte charge poétique et philosophique Le nu perd une partie de sa sensualité pour devenir un cri et une revendication. Comme un tatouage sur la peau, les nombreuses documentations de ses performances restent comme un souvenir des minutes intenses que Carlos Martiel vit et nous fait vivre à chaque fois qu’il apparaît dans l’une de ses mises en scène. Un souffle de réflexion sincère et d’espoir qui nous ancre dans la réalité et nous fait oublier le glamour dont on fait l’expérience si souvent dans le monde de l’art contemporain. « Tierra de nadie » manifeste la volonté de Carlos Martiel de prendre possession de l’espace, de proposer une nouvelle interprétation de celui-ci et des circonstances qui l’ont amené là où il est aujourd’hui. Ainsi, la préparation physique et mentale, l’étude et la complicité de l’équipe sont fondamentales. Son corps est son temple, et avec lui il se déplace sans cesse, porté par la fierté et le dévouement. Laura SALAS REDONDO, La Havane, décembre 2021 ------------------------------------ Carlos Martiel est un artiste né en 1989 à La Havane, Cuba. Pendant ses études artistiques, il est fortement marqué par son passage à la Càtedra Arte de Conducta créé par Tania Bruguera à l’Institut Supérieur des Arts de Cuba (ISA). Une connaissance approfondie de son corps et un dévouement absolu pour son travail l’ont amené à construire une solide carrière en tant que performeur au niveau international. Ses oeuvres ont été présentées à la 4e Biennale de Vancouver (Canada), à la 14e Biennale de Sharjah (EAU), à la 14e Biennale de Cuenca (Équateur), à la 57e Biennale de Venise (Italie), à la 4e Biennale de Casablanca (Maroc), à la Biennale “La Otra” (Colombie), à la 6e Biennale de Liverpool (Royaume-Uni) et à plusieurs éditions de la Biennale de La Havane (Cuba), pour n’en citer que quelques-unes. L’artiste a également remporté plusieurs prix tels que le prix Arte Laguna (Italie) et a participé à d’importantes résidences comme celle de la CIFO (Cisneros Fontanals Art Foundation) dans le cadre de son programme de bourses et commissions. Malgré la persistance de l’épidémie, l’année 2021 fut une période très prolifique pour l’artiste. Parmi ses dernières performances: Transfiguración (Monumento III) au MUSA, Musée des arts de l’Université de Guadalajara (Mexique), Pink Death au Leslie-Lohman Museum of Art, Monumento I au Museo del Barrio et la plus récente Monumento II au Guggenheim Museum à New York (États-Unis).


Entrada actualizada el el 17 feb de 2022

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